Le connard mouton est un animal à poil haineux


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Raymonde est en panne

Rédigé par Marc Alombre Aucun commentaire
Les routiers sont sympas...

Fait chier ! Plus possib’ d’aller à l’AMAP à cause de c’te putain de bagnole qui n’avance plus ! La deudeuche 4x4 bricolée par son pote K l’a plantée en plein milieu de son parcours. Précisément entre le supermarché discount à l’enseigne L’idole et son AMAP, sur la route de Chtarbes. À cet endroit, tu pourras toujours chercher les coordonnées GPS. Est-ce que tu te rappelles dans ta piaule de gamin lorsque tu faisais joujou avec ta mappemonde ? Lorsque tu faisais tourner le globe et les yeux fermés tu arrêtais la rotation d’un index autoritaire. Là où tu stoppais était ton endroit imaginaire ; ton idéal d’aventures qui marquait tes illusions enfantines. Ben ici, Tu les oublies tes illusions ou alors tu refais le monde. Elles sont inaccessibles. Et si jamais tu fais appel à ton smartphone, tu vas comprendre que vivre dans un trou paumé n’est pas une sinécure : « Aucun réseau disponible » qu’il t’affiche ton machin à mille balles qui tient dans la poche. No way ! Pour trouver un « garageux » sympa et serviable tu vas devoir : 1 – te brosser, 2 – chercher dans les trente bornes alentours pour avoir de l’aide, 3 – trouver un moyen de joindre tes potes à condition qu’ils ne soient pas au troquet. Dans ce dernier cas de figure, tu attendras qu’ils aient déssaoûlé; et donc aucune aide possible avant le lendemain. Et encore. Rien n’est moins sûr…

Raymonde décide de se poster sur le bord de la route et se dit que faire du stop n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça. Sait-on jamais… On peut croire au père Noël ou faire des prières en invoquant la miséricorde du petit Saucisson Lyonnais. Tu sais, celui qui a été fabriqué dans une étable, entouré qu’il était d’un âne, de moutons de Trois Fromages et d’autres trucs encore… ça la fait marrer cette image la Raymonde. Ça la fait marrer d’autant plus que son trou perdu est à quelques kilomètres de la grotte où une certaine Bernadette a été visitée par celle-la même qui a fabriqué le Saucisson Lyonnais.

Dans le lointain Raymonde reconnaît le son d’un bahut de 35 tonnes. Elle a l’oreille fine la Raymonde. Avant d’avoir pris une loge de concierge pour arrondir sa retraite elle était mécanicien diéseliste. Alors, en ce qui concerne les bruits de moteur elle est incollable, comme l’oncle Ben. Elle lève le bras, pouce tendu, marchant à reculons. Elle voit le sourire du camionneur. Ne pas confondre avec le sourire du plombier. Warnings allumés, il s’arrête sur le bas-côté de la départementale. Raymonde court vers la porte. Celle-ci s’ouvre sur un gaillard en marcel, moustachu comme un gaulois, large comme une armoire normande et velu comme un orang outan fraîchement sorti d’une séance de fer à friser chez Jean-Louis David. Raymonde a les yeux qui pétillent autant que ceux de son routier qui lui décoche un clin d’œil. Raymonde qui pourtant n’en est pourtant pas à son premier dragueur a les joues en feu. Pique un phare [ non, il n’y a pas de fôte d’orthograsse. Raymonde mesure près de deux mètres… de haut, pas de large hein, si ce n’est son tour de poitrine ! ]
– Ah ben qu’est-ce qui lui arrive à la p’tite dame ?
– Chui tombée en carafe avec la deudeuche là-bas…
– Vais aller voir c’qui va poa. Elle monte à bord, d’abord ?
Raymonde repique un fard [ voui, cette fois c’est pas un phare ! ] et grimpe sur le fauteuil passager. Son sauveur a un regard libidineux et lui fait une œillade qui ne trompe pas sur ses intentions. Raymonde est troublée. La boule de poils pose une main toute aussi velue que ses épaules sur la cuisse de Raymonde. Elle se jette alors sur la moustache du caniche humain et lui roule une pelle version Caterpillar. Les voilà enlacés. Les voilà partis sur la couchette. Le camion est alors parcouru de soubresauts qui laissent présager à terme des problèmes de suspension…

* * *

Tandis que son routier finit de se rhabiller, Raymonde rajuste son boxer.
– Au fait, moi c’est René.
– Moi c’est Raymonde.
Il s’approche d’elle et lui fait une affectueuse léchouille sur la truffe.
– Bon. Allons voir ta caisse…
René ouvre le capot et diagnostique de suite une panne de batterie.
– C’est rien ma Raymonde. Je vais te pousser un peu et tu vas repartir !
– Merci infatigable Adonis ! On s'revoit ?
– Tiens, voilà mon numéro. Tu appelles quand tu veux. Au revoir ma déesse.

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